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lignes ennemies des trusts et du travail. Aucune des deux armées ne veut la destruction des machines, mais chacune veut leur possession. Dans cette lutte, il n’y a pas de place pour la classe moyenne, pygmée entre deux titans. Ne le sentez-vous pas, pauvre classe moyenne, que vous êtes prise entre deux meules, et qu’elles ont déjà commencé à moudre ?

« Je vous ai démontré mathématiquement l’inévitable rupture du système capitaliste. Quand chaque pays se trouvera excédé d’une surcharge inconsommable et invendable, l’échafaudage ploutocratique cédera sous l’effroyable amoncellement de bénéfices érigé par lui-même. Mais, ce jour-là, il n’y aura pas de machines brisées. Leur possession sera l’enjeu du combat. Si le travail est victorieux, la route vous sera aisée. Les États-Unis, et sans doute le monde entier, entreront dans une ère nouvelle et prodigieuse. Les machines, au lieu d’écraser la vie, la rendront plus belle, plus heureuse et plus noble. Membres de la classe moyenne abolie, de concert avec la classe des travailleurs — la seule qui subsistera — vous participerez à l’équitable répartition des produits de ces merveilleuses machines. Et nous, nous tous ensemble, nous en construirons de plus merveilleuses encore. Et il n’y aura plus d’excédent non consommé, parce qu’il n’existera plus de profits. »

— Mais si ce sont les trusts qui gagnent cette