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pères ? Que nous proposez-vous pour nous débarrasser de la plus-value ? D’esquiver le problème en cessant de produire : de revenir à une méthode de production si primitive et imprécise, si désordonnée et déraisonnable, qu’il devienne impossible de produire le moindre excédent.

M. Calvin avala sa salive. Le coup de pointe avait porté. Il eut un nouveau mouvement de déglutition, puis toussa pour s’éclaircir la gorge.

— Vous avez raison, dit-il. Je suis convaincu. C’est absurde. Mais il faut bien que nous fassions quelque chose. C’est une affaire de vie ou de mort pour nous autres de la classe moyenne. Nous refusons de périr. Nous préférons être absurdes et revenir aux méthodes de nos pères, si grossières et dispendieuses qu’elles soient. Nous ramènerons l’industrie à l’état antérieur des trusts. Nous briserons les machines. Et qu’y voulez-vous faire vous-mêmes ?

« Mais vous ne pouvez pas briser les machines, répliqua Ernest. Vous ne pouvez pas faire refluer la vague de l’évolution. Deux grandes forces s’opposent à vous, dont chacune est plus puissante que la classe moyenne. Les gros capitalistes, les trusts, en un mot, ne vous laisseront pas opérer la retraite. Ils ne veulent pas que les machines soient détruites. Et, plus grande encore que celle des trusts, il y a la puissance du travail. Il ne vous permettra pas de briser les machines. La propriété du monde, y compris les machines, gît sur le champ de bataille entre les