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— Repassons rapidement ensemble le terrain déjà parcouru, résuma Ernest. Nous avons commencé par une opération industrielle quelconque, celle d’une fabrique de chaussures, et nous avons établi que la division du produit conjointement élaboré qui se pratiquait là était similaire à la division qui s’accomplit dans la somme totale de toutes les opérations industrielles. Nous avons découvert que le travail ne peut racheter avec ses salaires qu’une partie du produit et que le capital n’en consomme pas tout le reste. Nous avons trouvé qu’une fois que le travail avait consommé tout ce que lui permettent ses salaires, et le capital tout ce dont il a besoin, il restait encore un surplus disponible. Nous avons reconnu qu’on ne pouvait disposer de cette balance qu’à l’étranger. Nous avons convenu que l’écoulement de ce trop-plein dans un pays neuf avait pour effet d’en développer les ressources, de sorte qu’en peu de temps ce pays, à son tour, se trouvait surchargé d’un trop-plein. Nous avons étendu ce procédé à toutes les régions de la planète, jusqu’à ce que chacune s’encombre, d’année en année et de jour en jour, d’un surplus dont elle ne peut se débarrasser sur aucune autre contrée. Et maintenant, encore une fois, je vous le demande, qu’allons-nous faire de ces excédents ?

Cette fois encore personne ne répondait.

— Voyons, monsieur Calvin ? provoqua Ernest.