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— On le vend à l’étranger, déclara spontanément M. Kowalt.

— C’est cela même, acquiesça Ernest. C’est de ce surplus que naît notre besoin d’un débouché extérieur. On le vend à l’étranger. On est obligé de le vendre à l’étranger. Il n’y a pas d’autre moyen de s’en débarrasser. Et cet excédent vendu à l’étranger constitue ce que nous appelons la balance commerciale en notre faveur. Sommes-nous toujours d’accord ?

— Sûrement, c’est perdre notre temps que d’élaborer cet ABCD du commerce, dit M. Calvin avec humeur. Nous le connaissons tous par cœur.

« Si j’ai mis tant de soin à exposer cet alphabet, c’est que grâce à lui je vais vous confondre, répliqua Ernest. C’est là le piquant de l’affaire. Et je vais vous confondre en cinq sec.

« Les États-Unis sont un pays capitaliste qui a développé ses ressources. En vertu de son système d’industrie, il possède un trop-plein dont il doit se défaire à l’étranger[1]. Ce qui est

  1. Théodore Roosevelt, Président des États-Unis, quelques années avant l’époque en question, fit en public la déclaration suivante : « Il faut une réciprocité plus libérale et plus étendue dans l’achat et la vente des marchandises, de façon que nous puissions disposer, d’une façon satisfaisante, dans les pays étrangers, du surplus de production des États-Unis. » Naturellement, le surplus de production dont il parlait, c’était le bénéfice des capitalistes en excédent de leur pouvoir de consommation. C’est à la même époque