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« Mais si, vous le savez, reprit Ernest. Réfléchissez un instant. Si le capital épuisait sa part, la somme totale du capital ne pourrait s’accroître : elle resterait constante. Or, examinez l’histoire économique des États-Unis, vous verrez que le total du capital n’a cessé de grandir. Donc le capital n’engloutit point sa part. Souvenez-vous de l’époque où l’Angleterre possédait tant de nos obligations de chemins de fer. Au cours des années, nous les avons rachetées. Que conclure de là, sinon que la part inemployée du capital a permis ce rachat ? Aujourd’hui, les capitalistes des États-Unis possèdent des centaines et des centaines de millions de dollars d’obligations mexicaines, russes, italiennes ou grecques ; que représentent-elles, sinon un peu de cette part que le capital n’a pas ingurgitée ? Dès le début même du système capitaliste, le capital n’a jamais pu avaler toute sa part.

« Et maintenant nous arrivons au point. Quatre milliards de richesse sont produits annuellement aux États-Unis. Le travail en rachète et en consomme pour deux milliards. Le capital ne consomme pas les deux autres milliards. Il reste un gros excédent qui n’est pas détruit. Que peut-on bien en faire ? Le travail n’en peut rien distraire puisqu’il a déjà dépensé tous ses salaires. Le capital n’épuise pas cette balance, puisque déjà, d’après sa nature, il a absorbé tout ce qu’il pouvait. Et l’excédent reste là. Qu’en peut-on faire ? Qu’en fait-on ? »