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certain. Et encore, mon évaluation est très large ; car, grâce à toutes sortes de manigances capitalistes, le travail ne peut même pas racheter la moitié du produit total.

« Mais passons là-dessus et admettons que le travail rachète deux milliards. Il est évident dès lors que le travail ne peut consommer que deux milliards. Il reste à rendre compte de deux autres que le travail ne peut racheter ni consommer. »

— Le travail ne consomme même pas ses deux milliards, déclara M. Kowalt. S’il les épuisait, il n’aurait pas de dépôts dans les Caisses d’épargne.

« Les dépôts aux Caisses d’épargne ne sont qu’une sorte de fonds de réserve, dépensé aussi vite qu’amassé. Ce sont des économies mises de côté pour la vieillesse, les maladies, les accidents et les frais d’enterrement. C’est la bouchée de pain gardée sur l’étagère pour la nourriture du lendemain. Non, le travail absorbe la totalité du produit qu’il peut racheter par ses salaires.

« Deux milliards sont laissés au capital. Celui-ci, après avoir remboursé ses frais, consomme-t-il le reste ? Le capital dévore-t-il ses deux milliards ? »

Ernest s’arrêta et posa nettement la question à plusieurs individus qui se mirent à hocher la tête.

— Je n’en sais rien, dit franchement l’un d’entre eux.