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gouverneur, et c’est le pouvoir législatif qui l’a empêché d’entrer en fonctions. Deux fois nous avons fait passer un impôt national sur le revenu, et deux fois la Cour suprême l’a rejeté comme contraire à la Constitution. Les Cours sont entre les mains des associations ; nous, le peuple, nous ne payons pas nos juges assez cher. Mais un temps viendra…

— Où la combinaison des cartels dirigera toute la législation, interrompit Ernest, — où l’association des trusts sera elle-même le Gouvernement.

— Jamais, jamais ! s’écrièrent les assistants, tout de suite excités et combatifs.

— Voulez-vous me dire ce que vous ferez quand ce temps sera venu ? demanda Ernest.

— Nous nous soulèverons dans toute notre force, cria M. Asmunsen, et sa décision fut saluée d’approbations nourries.

— Ce sera la guerre civile, fit observer Ernest.

— Guerre civile, soit ! répondit M. Asmunsen, approuvé par de nouvelles acclamations. Nous n’avons pas oublié les hauts faits de nos ancêtres. Pour nos libertés nous sommes prêts à combattre et mourir !

Ernest dit en souriant :

— Ne l’oubliez pas, Messieurs, tout à l’heure nous sommes tombés tacitement d’accord que le mot liberté, dans votre cas, signifie la licence