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leurs noms. M. Calvin s’empressa de riposter :

— Et pourquoi pas ? demanda-t-il. Pourquoi ne pourrions-nous pas retourner aux usages de nos pères qui ont fondé cette république ? Vous avez dit beaucoup de choses vraies, M. Everhard, si pénibles qu’elles aient pu nous paraître à avaler. Mais ici, entre nous, nous pouvons parler net. Rejetons les masques et acceptons la vérité telle que M. Everhard l’a carrément posée. C’est vrai que nous autres petits capitalistes, faisons la chasse aux profits, et que les trusts nous les enlèvent. C’est vrai que nous voulons détruire les trusts afin de pouvoir garder nos gains. Et pourquoi ne le ferions-nous pas ? Pourquoi pas, encore une fois, pourquoi pas ?

« Ah ! maintenant nous arrivons au fin mot de la question, — dit Ernest d’un air satisfait. — Pourquoi pas ? Je vais essayer de vous le dire, bien que ce ne soit guère facile. Vous autres, voyez-vous, vous avez étudié les affaires, dans votre cercle restreint, mais vous n’avez pas du tout approfondi l’évolution sociale. Vous êtes en pleine période de transition dans l’évolution économique, mais vous n’y comprenez rien, et de là vient tout le chaos. Vous me demandez pourquoi vous ne pouvez pas revenir en arrière ? Tout simplement parce que c’est impossible. Vous ne pouvez pas faire remonter un fleuve vers sa source. Josué arrêta le soleil sur Gibéon, mais vous voudriez surpasser Josué. Vous rêvez