Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Que disait-il ? Voici quelques-unes de ses phrases que j’ai retenues : — Nos principes originels sont solides. Ce qu’il faut à ce pays, c’est un retour aux méthodes américaines fondamentales, et que chacun soit libre de profiter des occasions avec des chances égales… L’esprit de liberté dans lequel est né cette nation… Revenons aux principes de nos aïeux…

« Quand il parlait de l’égalité de chances pour tous, il voulait dire la faculté de pressurer des bénéfices, cette licence qui lui est maintenant enlevée par les grands trusts. Et ce qu’il y a d’absurde là-dedans, c’est qu’à force de répéter ces phrases, vous avez fini par y ajouter foi. Vous désirez l’occasion de piller vos semblables à petites doses, et vous vous hypnotisez au point de croire que vous voulez la liberté. Vous êtes gloutons et insatiables, mais la magie de vos phrases vous persuade que vous faites preuve de patriotisme. Votre désir de gagner de l’argent, qui est de l’égoïsme pur et simple, vous le métamorphosez en sollicitude altruiste pour l’humanité souffrante. Voyons, ici, entre nous, soyez honnêtes pour une fois. Regardez la chose en face et énoncez-la en termes justes. »

On voyait autour de la table des faces congestionnées, exprimant une irritation mêlée d’une certaine inquiétude. Ils étaient un peu effrayés de ce jeune homme au visage glabre, de sa manière de balancer et d’assener les mots, et de sa terrible façon d’appeler les choses par