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essayant à votre tour de briser les machines. De votre propre aveu, les machines du trust font un travail plus efficace et à meilleur marché que vous. C’est pour cela que vous ne pouvez lutter contre elles, et néanmoins vous voudriez les briser. Vous êtes encore plus naïfs que les simples ouvriers d’Angleterre. Et pendant que vous ronchonnez qu’il faut rétablir la concurrence, les trusts continuent à vous détruire.

« Du premier au dernier, vous racontez la même histoire, la disparition de la rivalité et l’avènement de la combinaison. Vous-même, M. Owen, avez détruit la concurrence ici à Berkeley quand votre succursale a fait fermer boutique à trois petits épiciers, parce que votre association était plus avantageuse. Mais dès que vous sentez sur votre dos la pression d’autres combinaisons encore plus fortes, celles des trusts, vous vous mettez à pousser les hauts cris. C’est parce que vous n’êtes pas une grosse compagnie, tout simplement. Si vous étiez un trust de produits alimentaires pour tous les États-Unis, vous chanteriez une autre chanson, et votre antienne serait : — Bénis soient les trusts ! Et pourtant encore, non seulement votre petite combinaison n’est pas un consortium, mais vous-même avez conscience de son manque de force. Vous commencez à pressentir votre propre fin. Vous vous apercevez qu’avec toutes vos succursales, vous n’êtes qu’un pion sur le jeu. Vous voyez les intérêts puissants se dresser et