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dèle que lui permettent ses gros capitaux.

— Ceci est hors de discussion. Il peut certainement le faire, et, qui plus est, il le fait, conclut Ernest.

M. Calvin se lança alors dans une vraie harangue politique pour exposer sa manière de voir. Plusieurs autres le suivirent avec chaleur, et leur cri à tous était qu’il fallait détruire les trusts.

— Pauvres simples d’esprit, me chuchota Ernest. Ce qu’ils voient, ils le voient bien ; seulement ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

Un peu plus tard il reprit la conduite de la discussion, et, selon son habitude caractéristique, la garda pour tout le restant de la soirée.

« Je vous ai tous écoutés avec attention, commença-t-il, et je vois parfaitement que vous menez le jeu des affaires de façon orthodoxe. Pour vous la vie se résume en profits. Vous avez la conviction ferme et tenace d’avoir été créés et mis au monde dans l’unique but de gagner de l’argent. Seulement il y a un accroc. Au plus beau de votre profitable activité survient le trust qui vous enlève vos bénéfices. Vous voilà dans un dilemme apparemment contraire au but de la création, et vous ne voyez d’autre moyen d’en sortir que l’anéantissement de cette intervention désastreuse.

« J’ai soigneusement noté vos paroles, et la seule épithète qui puisse vous résumer, je vais