Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les autres d’en gagner à vos propres dépens. C’est bien cela, n’est-ce pas ?

Ernest dut répéter sa question, et M. Asmunsen finit par répondre :

— Oui, c’est cela, sauf que nous ne faisons pas d’objection à ce que les autres fassent des profits, tant qu’ils ne sont pas exorbitants.

— Par exorbitants, vous entendez gros, sans doute. Pourtant vous ne voyez pas d’inconvénient à faire de gros bénéfices vous-même… sûrement non ?

M. Asmunsen avoua de bonne grâce sa faiblesse sur ce point. Alors Ernest s’en prit à un autre, un certain M. Calvin, jadis gros propriétaire de crémeries.

— Il y a quelque temps, vous combattiez le Trust du Lait, lui dit Ernest, et maintenant vous êtes dans la politique agricole[1], dans le Parti des Granges. Comment cela se fait-il ?

— Oh ! je n’ai pas abandonné la bataille, répondit le personnage, qui, en effet, avait l’air assez agressif. Je combats le trust sur le seul terrain où il soit possible de le combattre, sur le terrain politique. Je vais vous expliquer. Voilà quelques années, nous autres crémiers menions tout comme nous l’entendions.

  1. Grange politics. De nombreux efforts furent tentés à cette période pour organiser la classe décadente des fermiers en un parti politique, dans le but de détruire les trusts et cartels par de sévères mesures législatives. Tous ces efforts échouèrent finalement.