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livraison. J’ignore ce que sont devenus les deux autres.

Ernest se tourna soudain vers M. Kowalt.

— Vous vendez souvent à prix de revient, parfois même à perte[1]. Que sont devenus les propriétaires des petites pharmacies que vous avez mis au pied du mur ?

— L’un d’eux, M. Haasfurther, est actuellement à la tête de notre service des ordonnances.

— Et vous avez absorbé les bénéfices qu’ils étaient en train de réaliser.

— Bien sûr ! c’est pour cela que nous sommes dans les affaires.

— Et vous ? dit brusquement Ernest à M. Asmunsen. Vous êtes dégoûté de ce que le Chemin de Fer ait soutiré vos gains ?

M. Asmunsen fit oui de la tête.

— Ce que vous voudriez, c’est réaliser des gains vous-même ?

Nouveau signe d’assentiment.

— Aux dépens d’autrui ?

Pas de réponse. Ernest insista :

— Aux dépens d’autrui ?

— C’est comme cela qu’on gagne de l’argent, répliqua sèchement M. Asmunsen.

— Ainsi, le jeu des affaires consiste à gagner de l’argent au détriment des autres et à empêcher

  1. at cut-rates. Une grosse compagnie pouvait vendre à perte plus longtemps qu’une petite, et c’était un moyen fréquemment employé pour la concurrence.