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dépenses d’exploitation, et elle sait par cœur les termes de mes contrats. Comment est-elle si bien renseignée ? Je ne puis que le conjecturer. Elle doit payer des espions parmi mes employés, et semble avoir accès près de tous mes partenaires. Car, écoutez bien ceci, à peine ai-je signé un gros traité dont les termes me sont favorables et m’assurent un coquet bénéfice, que les prix de transport à pied d’œuvre sont augmentés comme par enchantement. On ne me donne pas d’explications. C’est le Chemin de Fer qui prend mon profit. En pareil cas je n’ai jamais pu décider la Compagnie à réviser ses tarifs. Par contre, à la suite d’accidents, ou d’une augmentation de frais d’exploitation, ou après la signature de contrats moins avantageux pour moi, j’ai toujours réussi à obtenir un rabais. En somme, gros ou petits, le Chemin de Fer m’enlève tous mes gains.

Ernest l’interrompit pour demander :

— Ce qui vous en reste, au bout du compte, équivaut à peu près, sans doute, au salaire que la Compagnie vous accorderait comme directeur si elle était propriétaire de votre carrière ?

— C’est cela même, répondit M. Asmunsen. Il n’y a pas longtemps, j’ai fait faire un relevé de mes comptes pour ces dix dernières années, et j’ai constaté que mes gains revenaient précisément aux appointements d’un directeur. Il n’y aurait eu rien de changé si la Compagnie avait