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C’étaient des gens assez intéressants avec leurs figures rusées et leur langage simple et clair. Ils se plaignaient à l’unanimité des consortiums, et leur mot d’ordre était : « Crevons les trusts ! » Ceux-ci, pour eux, représentaient la source de toute oppression, et tous, sans exception, récitaient la même complainte. Ils auraient voulu que le Gouvernement prît possession d’exploitations comme les Chemins de Fer, ou les Postes et Télégraphes, et ils préconisaient l’établissement d’impôts énormes et férocement progressifs sur le revenu, afin de détruire les vastes accumulations de capital. Ils prônaient aussi, en guise de remède à des misères locales, la propriété municipale d’entreprises d’utilité publique, telles que l’eau, le gaz, les téléphones et les tramways.

M. Asmunsen fit un récit particulièrement curieux de ses tribulations en tant que propriétaire d’une carrière. Il avoua que celle-ci ne lui avait jamais rapporté aucun profit, malgré l’énorme masse de commandes que lui avait procurées la destruction de San-Francisco par le grand tremblement de terre. La reconstruction de cette ville avait duré six années, pendant lesquelles le chiffre de ses affaires s’était trouvé quadruplé et octuplé, mais lui ne s’en trouvait pas plus riche.

— La Compagnie du Chemin de Fer est un peu mieux que moi au courant de mes affaires, expliqua-t-il. Elle connaît à un centime près mes