Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rayonnait aux flambeaux sur sa voie étoilée.
Alors mon cœur franchit les déserts du passé
Vers ce rivage amer où Jésus délaissé
Pour reposer son front n’avait pas une pierre.
— « Les oiseaux ont leur nid, les renards leur tanière :
« Seul, je meurtris mes pieds sur la voie aux douleurs
« Et je bois le vin tiède et salé de mes pleurs ! »

L’auditoire était agité, mais non ému. L’évêque Morehouse ne s’en apercevait pas. Il suivait sa voie d’un cœur ferme.

« C’est pourquoi je le dis aux riches d’entre vous, et à vous tous les riches : Vous avez cruellement opprimé les brebis du Maître. Vous avez endurci vos cœurs. Vous avez fermé vos oreilles aux voix qui crient dans la contrée, voix de souffrance et de douleur que vous ne voulez pas entendre, qui cependant seront exaucées quelque jour. C’est pourquoi je le prédis… »

Mais, à cet instant, MM. Jones et Ward, qui depuis un instant s’étaient levés de leurs sièges, prirent le bras de l’évêque et l’entraînèrent hors de l’estrade, tandis que l’auditoire demeurait suffoqué de scandale.

À peine dans la rue, Ernest éclata d’un rire âpre et sauvage, qui me porta sur les nerfs. Mon cœur semblait près d’éclater sous l’effort de mes larmes contenues.

— Il leur a communiqué son message, — s’écria mon compagnon. — La force de caractère et la tendresse profondément cachées dans la nature de leur évêque ont débordé devant les