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heureuse et la traite comme une sœur ; et San-Francisco n’aura plus besoin de police ni de magistrats ; les prisons seront remplacées par des hôpitaux, et le criminel disparaîtra avec son crime.

« Nous ne devons pas seulement donner notre argent, nous devons nous donner nous-mêmes, comme a fait le Christ ; tel est aujourd’hui le message de l’Église. Nous nous sommes égarés loin de l’enseignement du Maître. Nous nous sommes consumés dans notre propre gloutonnerie. Nous avons dressé le veau d’or sur l’autel. J’ai ici une poésie qui résume toute cette histoire en quelques vers ; je vais vous la lire. Elle fut écrite par une âme égarée qui, cependant, voyait les choses clairement[1]. Il ne faut pas la prendre pour une attaque contre l’Église catholique. C’est une attaque contre toutes les Églises, contre la splendeur et la pompe de tous les clergés qui se sont éloignés du sentier tracé par le Maître et qui se sont parqués à l’écart de ses brebis. La voici :

Les trompettes d’argent sonnèrent sous le dôme ;
Tout un peuple à genoux restait silencieux ;
Et, porté sur des dos humains, devant mes yeux
Passa comme un grand dieu le grand maître de Rome.
Comme un prêtre, il portait la robe immaculée,
Comme un roi, du manteau de pourpre il était ceint,
Et la triple couronne étagée au front saint

  1. C’est un sonnet d’Oscar Wilde, un des maîtres du langage du XIXe siècle.