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Mais voici ce que je tiens surtout à vous dire. Vous êtes dans une situation dangereuse, dans un péril que ma crainte exagère peut-être parce que je ne puis le mesurer. Suivez mon avis et acceptez les vacances que l’on vous offre.

— Mais ce serait une lâcheté ! se récria Père.

— Pas le moins du monde. Vous êtes un homme d’âge. Vous avez accompli votre œuvre, et une belle œuvre, dans le monde. Laissez la bataille actuelle à ceux qui sont jeunes et forts. Notre tâche à nous autres de la nouvelle génération reste à accomplir. Notre bien-aimée « Avis » se tiendra à mes côtés quoiqu’il arrive ; elle vous représentera sur le front de bataille.

— Mais ils ne peuvent me nuire, objecta Père. Dieu merci ! Je suis indépendant. Oh ! je vous prie de croire que je me rends compte

    ce que disait John O. Calhoun : « Un pouvoir supérieur à celui du peuple lui-même a surgi dans le Gouvernement. C’est un faisceau d’intérêts nombreux, divers et puissants, combinés en une masse unique et maintenus par la force de cohésion de l’énorme surplus qui existe dans les banques. » Et le grand humaniste Abraham Lincoln déclarait, quelques jours avant son assassinat : « Je prévois dans un avenir prochain une crise qui m’énerve et me fait trembler pour la sécurité de mon pays… Les corporations ont été intronisées ; il s’en suivra une ère de corruption en haut lieu, et le pouvoir capitaliste du pays s’efforcera de prolonger son règne en s’appuyant sur les préjugés du peuple, jusqu’à ce que la richesse soit agglomérée en quelques mains et que la République soit détruite. » (Note de l’auteur.)