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impassible des vérités purement intellectuelles. Quand j’essayai de le mettre au pied du mur en lui demandant en quoi ma vie domestique pouvait détourner l’Université de cet idéal, il m’offrit un congé de deux ans avec solde entière pour un voyage d’agrément et d’étude en Europe. Naturellement, je ne pouvais accepter dans ces circonstances.

— C’était pourtant, et de beaucoup, ce que vous aviez de mieux à faire, dit gravement Ernest.

— Mais c’était un appât, une tentative de corruption, protesta Père, et Ernest l’approuva d’un signe. — Le bougre m’a dit aussi qu’on bavardait autour des tables à thé, que l’on critiquait ma fille de s’afficher avec un personnage aussi notoire que vous, et que cette conduite n’était pas en harmonie avec le bon ton et la dignité de l’Université. Non pas que personnellement il y trouvât, le moins du monde à redire, mais enfin on causait et je devais sûrement comprendre.

Cette révélation donna à réfléchir à Ernest. Sa figure s’était assombrie : il était grave et courroucé. Il déclara au bout de quelques instants :

— Il y a bien autre chose là-dessous que l’idéal universitaire. Quelqu’un a fait pression sur le Président Wilcox.

— Croyez-vous ? demanda Père avec une expression qui trahissait plus de curiosité que de frayeur.