Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.

attend si vous persistez à recevoir chez vous tous ces socialistes et radicaux, y compris moi-même.

— C’est précisément ce que m’a reproché le vieux Wilcox, avec un tas de commentaires absurdes. Il m’a dit que je faisais preuve d’un goût douteux, que j’allais contre les traditions et les manières de l’Université, et qu’en tous cas je dépensais mon temps en pure perte. Il a ajouté bien d’autres choses non moins vagues. Je n’ai jamais pu l’acculer à rien de défini, mais je l’ai mis en posture bien embarrassante : il ne savait que se répéter et me dire combien il avait de considération pour moi et comment tout le monde me respectait en tant que savant. La tâche n’était guère agréable pour lui ; je vis bien qu’elle ne lui plaisait pas du tout.

— Il n’est pas libre de ses actes. On ne peut pas toujours traîner son boulet[1] avec grâce.

— Je le lui ai fait dire. Il m’a déclaré que cette année l’Université a besoin de beaucoup plus d’argent que l’État n’est disposé à lui en donner. Le déficit ne peut être couvert que par les libéralités de gens riches qui prendraient certainement ombrage en voyant l’Université se départir de son idéal élevé et de sa poursuite

  1. Les esclaves africains et les criminels étaient attachés par la jambe à un boulet ou une barre de fer qu’ils traînaient avec eux. Ce n’est qu’après l’avènement de la Fraternité de l’Homme que de pareilles pratiques tombèrent en désuétude.