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LE LOUP DES MERS

Le Fantôme continuait à labourer sa route et le gazouillis de l’eau, que fendait son étrave, se fit plus grave. Ce bruit régulier me berçait comme un ronronnement, et j’en oubliai peu à peu la vision de Loup Larsen, s’exaltant aux plus hautes sphères de l’idéal.

Alors une autre voix s’éleva sur le navire. Une voix de ténor, qui ne manquait pas d’harmonie. C’était celle d’un matelot, qui chantait le Chant des Alizés :

Je suis le vent loyal et sûr,
Le vent tenace,
Dont les matelots suivent la trace,
Dans l’azur.

Je souffle le jour et la nuit.
Sous la lune pâle qui luit,
Sous le soleil et sous l’étoile,
Je tends la toile.