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Après trois jours de vents contraires, nous avons enfin rencontré le grand alizé.

Lorsque, le matin du quatrième jour, je montai sur le pont, après une bonne nuit — abstraction faite de mon genou, dont je continuais à souffrir — je vis le Fantôme filer à grande allure, toutes voiles dehors, sauf les focs, sous une brise fraîche qui soufflait en poupe. C’était merveilleux !

Toute la journée et toute la nuit suivante, le lendemain et le surlendemain, puis jour après jour, nous filâmes avec le vent en poupe, un vent puissant, fort sans excès, et qui soufflait régulièrement. La goélette naviguait toute seule. Plus d’écoutes et de poulies à manœuvrer. Il suffisait de tenir la barre.

Dix nœuds, onze nœuds, douze nœuds, telle était notre vitesse, en moyenne. Entre l’aurore et le crépuscule, grâce à ce vent idéal, nous abattons nos deux cent cinquante milles.

Je suis gai et triste à la fois, en songeant à la rapidité avec laquelle nous nous éloignons de

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