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du moins, car je ne vis rien. Je fus violemment projeté sur le pont et, quand je me relevai, le navire abordeur avait déjà disparu.

Il y eut un grand craquement de bois brisé et le Martinez donna fortement de la bande. Alors une clameur indescriptible s’éleva, qui figea le sang dans mes veines et me remplit d’effroi.

Je me souvins des ceintures de sauvetage, qui étaient accrochées aux parois, dans le salon des passagers, et me précipitai. Mais, à peine arrivé au seuil de la porte, je fus violemment refoulé par un flot d’hommes et de femmes affolés.

Je me rappelle que je parvins quand même à entrer et que je décrochai un certain nombre de ceintures. J’en bouclai une autour de moi, et la trogne rouge se chargea de ceindre les autres à un groupe de femmes terrorisées.

À l’heure actuelle, encore, je revois parfaitement la scène dans les moindres détails. La paroi du salon avait été défoncée sous le choc. Le plancher était jonché de fauteuils renversés, de valises et de sacs à main, de parapluies et de couvertures, et d’un tas d’autres objets hétéroclites, abandonnés par les gens surpris par cette catastrophe inattendue.

Le gros monsieur, qui tout à l’heure lisait mon article, tenait toujours en main la revue, et me demandait, avec une insistance stupide, si à mon avis, il y avait réellement danger. La trogne rouge, toujours claudiquant, se démenait coura-