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LE LOUP DES MERS

Le corps piqua dans le vide. Mais Harrison, sauvant sa vie, s’accrocha des jambes et demeura pendu la tête en bas. Il se releva par un intense effort et réussit à reprendre sa position première.

— Attention, Johansen ! cria Loup Larsen. Ne reste pas dessous ! Tombera… tombera pas… Je suis sûr qu’il n’aura pas beaucoup d’appétit, ce soir.

Harrison, en effet, s’était de nouveau arrêté. Il était livide, comme s’il avait eu le mal de mer.

Près de moi, Johnson grommelait, en son anglais lent mais correct :

— Ce garçon est plein de bonne volonté ! Il apprendra son métier, tout comme un autre… À condition qu’on lui donne une chance… Mais ce qui se passe est un…

Le mot « assassinat » était sur ses lèvres.

— Ferme-la ! lui murmura Louis. Tais-toi pour l’amour de ta mère…

Mais Johnson, les yeux levés, n’en continuait pas moins à grogner.

Standish, un des chasseurs de phoques, tenta d’intervenir.

— Dites donc, Loup Larsen, Harrison est mon rameur. Je ne tiens pas à le perdre…

— Écoute, Standish ! répondit Loup. C’est ton rameur quand il est dans ton canot. Mais, quand il est à bord, c’est mon matelot et j’en ferai ce qu’il me plaira. Bon Dieu !

— Ce n’est pas une raison… protesta Standish.

Loup Larsen lui coupa la parole.

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