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LE LOUP DES MERS

Yonson. Un jour où Loup Larsen l’appelait comme ça, il a répondu : « Mon nom est Johnson, capitaine ! Johnson, vous m’entendez bien… » Et il a épelé son nom, lettre par lettre.

« Si tu avais vu la tête du vieux ! J’ai cru qu’il allait foncer sur Johnson et le tuer aussi sec. Il ne l’a pas fait, mais il le fera un jour. Il cassera cette caboche, ou je ne m’y connais pas en hommes.
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Thomas Mugridge devient de plus en plus odieux. Il m’oblige à l’appeler « Monsieur Mugridge » chaque fois que je lui adresse la parole.

La raison de son insolence provient de ce qu’il est dans les bonnes grâces de Loup Larsen. Cette familiarité du capitaine avec son coq semble peu vraisemblable. Elle n’est pas niable, cependant.

Deux ou trois fois, aujourd’hui, Loup Larsen a passé sa tête dans l’entrebâillement de la porte de la cuisine et a fait des reproches amicaux au cuisinier. Au cours de l’après-midi, les deux hommes ont bavardé familièrement ensemble, pendant un bon quart d’heure, à l’arrière du bateau.

La conversation terminée, Mugridge vint me retrouver à la cuisine. Il était radieux, sous sa couche de graisse, et se remit à son travail en fredonnant des chansons de corps de garde, d’une voix de fausset, abominablement discordante et qui me portait sur les nerfs.

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