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LE LOUP DES MERS

exagérément de la toile. Et voici ce que j’ai surpris d’une conversation entre Henderson et un autre chasseur, un nommé Standish, un Californien.

Il y a deux ans, le Fantôme, qui portait trop de toile, fut, lors d’une tempête dans la mer de Behring, complètement démâté. Loup Larsen fit remplacer les mâts brisés par d’autres, beaucoup plus robustes, mais aussi plus lourds.

— Et alors ? dit-il, comme on lui en faisait l’observation, il vaut encore mieux chavirer que de voir casser ces bouts de crayon !

À part Johansen, qui est ravi de sa promotion inattendue et qui trouve que tout est pour le mieux, il n’y a pas un homme de l’équipage qui ne bougonne secrètement.

Ce sont, pour la plupart, des marins de haute mer, et la moitié d’entre eux assurent qu’en signant leur engagement ils ignoraient la réputation du capitaine. Quant aux chasseurs, on chuchote à leur sujet que, s’ils sont reconnus pour être d’excellents tireurs, leur humeur batailleuse et leur mauvais caractère ne leur permettaient plus de trouver à s’engager sur aucune autre goélette.

J’ai fait la connaissance d’un autre membre de l’équipage. On le nomme Louis. Né d’une famille irlandaise, émigrée au Canada, dans la Nouvelle-Écosse, il a une bonne figure ronde et joviale. C’est une nature sociable et il ne demande qu’à bavarder un peu, chaque fois qu’il trouve quelqu’un pour l’écouter.

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