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JACK LONDON

Ses lignes et son gréement, quoique je manque de compétence en la matière, l’indiquent suffisamment. C’est ce que m’expliqua Johnson au cours d’une brève conversation que j’eus avec lui, pendant qu’il assurait son quart.

Il s’exprimait sur la goélette avec enthousiasme et amour. Il a pour elle cette même passion que d’autres ont pour les chevaux. Ce qui le chiffonne et l’inquiète, c’est Loup Larsen dont la réputation est plutôt fâcheuse, paraît-il. C’est la beauté du Fantôme et ses merveilleuses qualités nautiques qui l’ont incité à signer son engagement. Mais il commence déjà à s’en mordre les doigts.

Il m’a appris que le Fantôme est une goélette de deux cent-soixante tonneaux, large de neuf mètres, longue de trente et creuse de quatre. Une lourde quille de plomb, dont il ignore le poids qui est certainement formidable, donne au navire une grande stabilité et lui permet de porter une très grande surface de toile.

Du pont à la pomme du grand mât, il y a quelque trente-trois mètres. Le mât de misaine est plus court de trois mètres. Je donne ces précisions afin qu’on se représente bien ce petit monde flottant, où vivent vingt-deux hommes.

C’est un très petit monde, un point, un atome, sur l’immensité de l’Océan et j’admire que des hommes osent s’aventurer sur un aussi fragile esquif.

Loup Larsen est connu pour s’obstiner à donner

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