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Le Loup des mers

Ce fut un bonheur pour moi d’être enfin délivré de la détestable présence du coq et de me dire que j’allais enfin pouvoir m’allonger.

À ma grande surprise, mes vêtements avaient, à la suite de ma dernière douche, séché complètement sur moi. Apparemment, je n’avais pas pris froid, pas plus qu’après mon immersion prolongée, qui avait résulté du naufrage du Martinez.

En temps ordinaire, après tant de tribulations, j’aurais gardé le lit pour huit jours, étendu sur le dos, avec une infirmière diplômée à mon chevet et le concours d’un chirurgien.

Car l’état de mon genou m’inquiétait toujours beaucoup. Autant que j’en pouvais juger, la rotule semblait déboîtée, ce qui provoquait l’enflure. Assis sur ma couchette, j’examinai ma jambe. Les six chasseurs de phoques fumaient et parlaient à voix haute.

Henderson vint vers moi et jeta un coup d’œil sur ma blessure.

— C’est plutôt moche, dit-il en guise de commentaire. Bande-moi ça avec un chiffon et ça ira mieux.

Et ce fut tout. Pour être juste, je dois reconnaître que les hommes qui m’entouraient, s’ils étaient insensibles à ma souffrance, ne l’étaient pas moins, le cas échéant, à la leur. Affaire d’accoutumance, j’imagine. Et moins de nerfs, d’autre part. Les gens plus délicats et plus subtils souffrent, d’une blessure, deux et trois fois

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