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Le Loup des mers

Un des chasseurs, un grand diable aux gestes mous, nommé Henderson, sortait au même moment du poste d’arrière, où lui et ses camarades étaient logés. Loup Larsen se tenait sur la poupe, son éternel cigare aux lèvres.

— Tiens ! En voici une qui approche ! Agrippe-toi ! me cria le coq.

Je m’arrêtai net, sans comprendre de quoi il s’agissait, et je vis la porte de la cuisine se refermer en claquant, tandis qu’Henderson, sautant comme un chat dans les haubans, alla se percher en un clin d’œil au-dessus de ma tête.

Alors seulement j’aperçus une vague énorme, qui arrivait en roulant et écumant, et dont la hauteur dépassait de beaucoup le pont du navire.

Je me trouvai juste en dessous. Mais j’étais si peu accoutumé à la vie de bord que mon esprit tarda à fonctionner. Je compris que j’étais en danger, et ce fut tout. Je restai immobile et apeuré.

— Mais cramponnez-vous à n’importe quoi, Hump ! me cria Loup Larsen.

Je m’élançais vers le gréement, où j’aurais pu facilement m’accrocher. Mais il était trop tard. Je me trouvai pris dans l’écroulement du mur liquide. Mes impressions, de cet instant, sont assez confuses. J’avais été balayé et, la tête sous l’eau, j’étais en train de me noyer.

Je roulais sur moi-même, emporté par le courant, je ne sais où. À plusieurs reprises, je me

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