— Ohé, le Lady-Mine ! Ramenez-moi à terre ! Mille dollars pour vous si vous me ramenez à terre !
Puis j’attendis, regardant anxieusement deux hommes qui se tenaient ensemble près de la barre ; l’un gouvernait.
L’autre prit un porte-voix et le leva vers ses lèvres. Je ne bronchai pas ; pourtant, à tout moment, je m’attendais à recevoir dans le dos le heurt mortel des poings de la brute qui était derrière moi.
Enfin, n’y pouvant plus tenir, je me retournai. Loup Larsen n’avait pas bougé. Toujours à la même place, il suivait du corps, nonchalamment, le mouvement du bateau, tout en allumant un nouveau cigare.
— Qu’est-ce qu’il y a ? lança le porte-voix.
Je criai :
— Ma vie est en danger ! Mille dollars pour vous si vous me ramenez à terre !
— Mon équipage a bu trop de whisky à Frisco, hurla Loup Larsen à son tour. Ça n’a rien valu à sa santé. Le type qui est là (Et il me désignait du pouce.) a la berlue. Il s’imagine voir partout des serpents de mer et une armée de singes.
— Compris ! répondit le porte-voix, avec un gros rire. Il peut toujours aller se faire voir !
Loup Larsen et l’homme du Lady-Mine agitèrent leurs bras, en guise d’adieu, et le bateau-pilote fila à toute vitesse.
Penché sur la lisse, je regardai, avec désespoir,