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LE LOUP DES MERS

ture et le lait condensé étaient épuisés. Je prévins Maud que j’allais en chercher d’autres sur la goélette.

En arrivant sur le pont, je pris soin d’enlever mes souliers et c’est sans faire de bruit, en marchant sur mes chaussettes, que je gagnai l’arrière du bateau.

Cette fois, je n’appelai pas du haut de l’escalier, mais je descendis avec précaution. La porte de la cabine de Loup Larsen était intérieurement fermée.

Je me préparais à cogner, quand je me souvins de ce que j’étais venu chercher. Je soulevai silencieusement la trappe du plancher et, m’introduisant dans le magasin, j’y renouvelai nos provisions alimentaires. Je profitai de l’occasion pour prendre également, en vue de l’hiver, dans l’armoire qui les contenait, quelques vêtements de dessous.

Comme j’émergeais de mon trou, j’entendis du bruit dans la cabine de Loup Larsen. Je m’accroupis et écoutai.

Le loquet bougea et, instinctivement, je saisis mon revolver. La porte s’ouvrit toute grande et Loup Larsen fit son apparition.

Jamais je n’avais vu, sur aucun visage humain, un désespoir aussi profond que celui qui se peignait sur cette figure bouleversée. Loup Larsen, l’homme fort, le lutteur indomptable, se tordait les mains, levait ses poings fermés et se lamentait, d’une voix rauque.

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