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JACK LONDON

évident et la vue de la fumée qui, plus tard dans la journée, s’éleva de la cheminée de la cuisine du Fantôme, acheva de la rassurer.

Le lendemain et le surlendemain, la fumée apparut encore, et Loup Larsen fit un tour ou deux sur le pont. Mais il persista à ne pas tenter de descendre à terre.

Nous n’en continuâmes pas moins nos quarts de nuit, car nous nous attendions à un acte quelconque de sa part, où il se montrerait sous son vrai naturel. Son inaction même nous paraissait suspecte.

Une semaine s’écoula ainsi sans que rien de nouveau se produisît et nous retombâmes, Maud et moi, dans un accablement qui paralysait tous nos mouvements.

Puis la fumée cessa de monter de la cuisine et Loup Larsen de se montrer. Si notre sécurité en paraissait mieux assurée, Maud, par une réaction bizarre, mais généreuse en somme, recommença à s’inquiéter de la santé du capitaine du Fantôme.

Elle ne me demanda pas, cette fois, d’aller m’en enquérir. Mais je compris que tel était son désir. Moi-même, j’étais mal à l’aise, à la pensée renouvelée qu’un de mes semblables était en train de mourir, abandonné de tous. Loup Larsen avait dit vrai. Le code d’humanité qui m’avait été inculqué était plus fort que ma haine.

L’occasion se présenta d’elle-même. La confi-

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