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Le Loup des mers

— Bien, bien, capitaine, répondit joyeusement Johansen.

Durant ce colloque, l’ex-mousse n’avait pas bougé.

— Qu’est-ce que tu attends, toi ? interrogea Loup Larsen.

— C’est que, capitaine, je me suis engagé comme mousse, et pas pour m’occuper des canots. Ça ne me dit rien de changer.

— Ramasse tes frusques, et au poste d’équipage !

L’ordre, cette fois, ne souffrait pas de réplique. Le jeune garçon regarda Loup Larsen, d’un œil mauvais, et ne bougea pas.

L’effroyable force de Loup se manifesta encore une fois. Ce fut l’affaire de deux secondes. D’un bond, il franchit la distance qui le séparait de son interlocuteur et lui colla son poing dans l’estomac.

Au même moment, et comme si j’avais moi-même reçu le coup, je ressentis au thorax une vive douleur. Je cite le fait pour montrer à quel point, à cette époque, mon système nerveux était à vif, et peu habitué au spectacle de la brutalité.

Le jeune garçon — qui pesait au moins soixante-quinze kilos — se tordit. Son corps se replia sur le poing sans réaction aucune, comme un chiffon mouillé au bout d’un bâton.

Projeté en l’air, il décrivit une courte trajectoire et alla s’étendre, tout de son long, sur le

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