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LE LOUP DES MERS

J’en avais oublié que j’étais là pour tuer la bête, non pour la voir prendre la poudre d’escampette.

Mais, au même moment, le gros mâle montra les dents, en grognant, et se précipita sur moi. Ses yeux flamboyaient, sa gueule, aux dents luisantes, s’ouvrait menaçante.

Ce fut moi, je l’avoue sans honte, qui fis demi-tour et déguerpis en vitesse.

Le phoque me suivit. Il rampait gauchement, mais avec rapidité, et il me touchait les talons lorsque je sautai dans le canot.

Je repoussai vivement l’embarcation, à l’aide d’un aviron, que la bête saisit aussitôt entre ses dents. Elles mordirent avec une telle force que, malgré sa dureté, le bois se brisa comme une coquille d’œuf.

Maud et moi, nous en demeurâmes abasourdis. L’instant d’après, le phoque, ayant plongé, saisit dans sa gueule la quille du canot, qu’il se mit à secouer violemment.

— Mon Dieu ! dit Maud. Partons.

Le gros mâle avait fini par lâcher prise et je commençais à me rassurer.

— Non, j’y arriverai, il n’y a aucune raison, répondis-je. Seulement, à l’avenir, je ne m’attaquerai plus aux mâles.

— Je vous en prie… je vous en prie…

Puis, se reprenant, en voyant que je fronçais le sourcil :

— C’est-à-dire, soyez prudent…

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