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JACK LONDON

nous faire chavirer. Et pourtant je n’avais pas peur. L’avenir était redoutable. Mais il fallait triompher. Il le fallait… Il le fallait… Je ne cessais de me le répéter.

Vers la fin de la journée, le vent souffla plus fort. La mer se leva, plus grosse, et mit le canot, comme moi-même, à une rude épreuve.

Mais le poids de nos provisions de vivres et celui de nos neuf caisses à eau servait de lest et nous pûmes continuer, un certain temps, à filer à pleine voile. Je dus ensuite ralentir.

J’aperçus aussi la fumée d’un vapeur, loin sur l’horizon. Je pensai que c’était un croiseur russe ou, plus vraisemblablement, le Macédonia, toujours à la recherche du Fantôme.

Le soleil n’avait pas paru de tout le jour et le froid avait été cruel. Comme la nuit approchait, les nuages s’épaissirent encore et le vent devint de plus en plus violent.

Maud et moi, nous prîmes notre dîner sans retirer nos moufles. Je ne pus, de mon côté, abandonner la barre et avalai les bouchées entre deux rafales.

Quand la nuit fut tout à fait noire, le vent et la mer étaient tellement violents qu’il me fallut, à mon vif regret, amener la voile et établir, afin de stabiliser l’embarcation, une ancre flottante.

C’était un procédé que j’avais entendu décrire aux chasseurs de phoques, qui l’employaient, et dont j’usai à mon tour.

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