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Le Loup des mers

ça se voit. Vous êtes tout juste bon à laver la vaisselle et à aider un marmiton !

J’avais repris mon aplomb et c’est d’une voix ferme que je déclarai :

— Je désire être mis à terre ! Capitaine, je vous paierai votre dérangement et votre temps perdu, au prix que vous fixerez vous-même.

Loup Larsen me regarda curieusement. Ses yeux, qui brillaient, disaient clairement qu’il se moquait de moi.

— J’ai une contre-proposition à vous faire. Et ça pour le bien de votre âme. Mon second est mort et, comme il faut le remplacer, il y aura à bord une promotion générale. Un matelot de première classe prendra la place du second. Mon mousse prendra celle du matelot. Vous prendrez celle du mousse. Il vous suffira de signer un contrat d’engagement pour la durée de la croisière. C’est vingt dollars par mois, et nourri.

« Eh bien, qu’en dites-vous ? Et je vous fais cette offre, je le répète, pour le bien de votre âme. Vous allez devenir quelqu’un. Vous apprendrez à vous tenir et à marcher sur vos propres jambes. Tout au moins à y trottiner.

Je haussai les épaules à ces paroles, car j’avais aperçu un bateau au large. Il faisait voile dans notre direction et grandissait à vue d’œil.

Bien que sa coque fût plus petite, il était, comme le Fantôme, gréé en goélette. Il était charmant à voir, bondissant et volant sur les vagues,

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