et avec une telle insistance que Maud finit par s’agiter. Elle dégagea son visage et me sourit, les yeux encore lourds de sommeil.
— Bonjour, monsieur Van Weyden…, me dit-elle. Avez-vous aperçu la terre ?
— Pas encore, répondis-je, pas encore… Nous ne marchons guère qu’à la vitesse de six milles à l’heure.
Elle esquissa une moue de désappointement et je m’empressai d’ajouter :
— Mais ça fait tout de même cent quarante-six milles par vingt-quatre heures !
Son visage s’éclaircit et elle demanda :
— Quelle distance avons-nous à parcourir ?
Je tendis la main vers l’ouest.
— De ce côté, c’est la Sibérie… Plus près de nous, au sud-ouest, le Japon, notre but, à six cents milles environ. Si le vent reste favorable, nous les couvrirons en cinq ou six jours.
— Mais si une tempête s’élevait… Le canot serait-il en état de résister ?
Elle avait une manière très personnelle de vous regarder dans les yeux et d’exiger la vérité. Je biaisai dans ma réponse :
— Il faudrait que cette tempête soit vraiment très mauvaise…
— Et si justement c’était le cas ?
— Mais d’un moment à l’autre, nous avons de fortes chances d’être recueillis par une goélette phoquière. Il y en a beaucoup dans ces parages.