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JACK LONDON

était baissée vers la jeune femme, je le frappai d’un coup de poing en pleine figure.

Mais il ne sembla pas que le coup eût porté. Loup Larsen, tel un fauve, poussa un effroyable rugissement et, d’un léger revers de sa main, une simple caresse, il me rejeta en arrière, comme une catapulte.

J’allai m’écraser contre la porte de la cabine, que j’avais refermée derrière moi, et le choc fut tel que les panneaux volèrent en éclats.

Après m’être dégagé des débris de bois, je me remis sur pied, tant bien que mal, sans m’occuper de la vive douleur que je ressentais.

Je n’étais conscient que d’une rage folle, qui me dominait. Et tandis que Maud s’était mise à crier éperdument, en me demandant du secours, je dégainai le poignard qui pendait à ma ceinture et me précipitai, une seconde fois, sur Loup Larsen.

Mais soudain un coup de théâtre se produisit, si imprévu et si étrange que, sur le point de frapper, je retins la lame d’acier déjà levée.

Loup Larsen avait lâché la jeune femme, qui s’était vivement reculée et qui s’appuyait contre la cloison qu’elle avait derrière elle.

Larsen chancelait et trébuchait. De la main gauche, il se tenait le front et se couvrait les yeux. De sa main droite, il tâtonnait autour de lui, comme ébloui.

Elle rencontra la plus proche cloison et, à ce contact, Loup Larsen, reprenant son équilibre,

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