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JACK LONDON

nous chercher. Sa tâche, déjà difficile dans le brouillard qui l’aveuglait, devenait impraticable.

La manœuvre fut exécutée. Et il était temps. Au moment même où l’arrière du Fantôme s’engloutissait de nouveau dans la brume, je crus bien voir en sortir l’étrave du Macédonia qui avait pressenti notre subterfuge.

Nous lui échappions de quelques secondes.

— Il ne pourra pas continuer longtemps ce manège, remarqua Loup Larsen. Il lui faudra retourner chercher ses canots restés en mer.

« En ce qui nous concerne, nous ne traînerons pas longtemps ici. Aussitôt la nuit venue, nous déguerpirons à toutes voiles.

« Mais, tout de même, je donnerais bien cinq cents dollars pour pouvoir être transporté cinq minutes à bord du Macédonia et entendre la gamme des jurons que doit lancer mon excellent frère…

Puis il ajouta :

— Maintenant, monsieur Van Weyden, mettez quelqu’un à la barre pour me remplacer. J’ai à m’occuper des nouveaux venus.

« Je vais distribuer beaucoup de whisky aux chasseurs et j’enverrai aussi quelques bouteilles à nos prisonniers. Tous ces gens, j’en suis persuadé, retourneront rapidement leurs vestes et chasseront bientôt pour Loup Larsen, avec autant de plaisir qu’ils le faisaient pour Larsen-la-Mort.

— Êtes-vous certain qu’ils ne s’échapperont

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