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JACK LONDON

Alors qu’il demeurait perplexe, sa carabine entre les genoux, Loup Larsen, décrochant du pied un rouleau de corde du grand mât, héla le rameur :

— Hé, toi ! Amarre !

Ce disant, il lança le rouleau, qui vint tomber dans le canot et faillit culbuter le rameur par-dessus bord.

Mais l’homme, après avoir repris son équilibre, n’obéit pas. Il attendait un ordre du chasseur qui hésita encore, puis commanda :

— Amarre, vieux !

La corde, fixée sur une cheville, se raidit et le canot, maintenant captif, se mit à danser et à plonger.

— La voile en bas ! Et accostez ! ordonna Loup Larsen.

Les deux hommes se résignèrent à venir à bord, et le chasseur se disposait à saisir sa carabine, lorsque Loup Larsen hurla :

— Laisse ça !

Le chasseur lâcha son arme, aussi précipitamment que s’il s’était brûlé au contact d’une barre de fer chauffée à blanc.

Une fois sur le Fantôme, les deux prisonniers hissèrent leur canot, avec le blessé qui s’y trouvait et qu’ils conduisirent, sur l’ordre de Loup Larsen, à l’infirmerie de l’avant.

— Si nos cinq canots, me dit Larsen, en font autant de leur côté, avant ce soir, nous aurons un bel équipage au complet.

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