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LE LOUP DES MERS

Les balles que nous avions reçues, du second canot du Macédonia, avaient été tirées de près d’un mille. La distance s’était réduite de moitié, quand Loup Larsen tira, à son tour, trois coups successifs, soigneusement visés.

La première balle frappa l’eau à quinze mètres du canot. La seconde se rapprocha davantage et, à la troisième, le timonier, lâchant le gouvernail, s’écroula dans le canot.

— Je pense qu’ils vont nous laisser tranquilles, dit Loup Larsen en se relevant. Je n’ai pas pu abattre le chasseur. Mais il est bien obligé de prendre la barre, et il ne peut, en même temps, gouverner et tirer.

Son raisonnement était juste, car nous vîmes le chasseur, abandonnant son arme, sauter effectivement à l’arrière du canot et prendre la place du timonier.

Loup Larsen cessa le feu, tandis que la fusillade continuait à faire rage sur les autres canots.

Nous courûmes sur l’embarcation, qui tentait de fuir. Mais notre vitesse était double de la sienne et nous fûmes bientôt presque bord à bord, parmi les vagues écumantes.

Je vis le rameur passer sa carabine au chasseur, qui la prit d’une main, sans oser toutefois lâcher la barre. Car il courait le risque, en ce cas, d’entrer en collision avec le Fantôme.

S’il faisait mine de tirer, il savait d’ailleurs que Loup Larsen tirerait avant lui et le tuerait.

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