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Jack London

la mort du second, s’était remis à vaquer à des besognes diverses.

Seul, un petit groupe d’hommes, qui se tenait à l’arrière, près d’un capot, continuait à converser à mi-voix. Ces hommes, à en juger par leur allure dégagée, n’étaient évidemment pas des matelots. C’étaient, comme je le sus par la suite, des chasseurs de phoques.

— Johansen ! hurla Loup Larsen.

Docilement, un matelot s’avança.

— Va chercher ta paumelle[1] et ton aiguille, et couds-moi ce bougre-là (Il désignait le mort.) dans un bout de toile ! Tu trouveras ce qu’il faut dans les rebuts de la soute aux voiles. Débrouille-toi.

— Bien, bien, capitaine… répondit l’homme. Et qu’est-ce qu’il faudra lui mettre aux pieds ?

— T’occupe pas de ça… Hé, cuistot !

Thomas Mugridge entendit, dans sa cuisine, la voix de stentor et montra son nez.

— Tu vas remplir un sac de charbon que tu apporteras ici !

Puis Loup Larsen demanda aux chasseurs de phoques, toujours groupés :

— Y en a-t-il un, parmi vous, qui possède une Bible, ou un livre de prières ?

Tous secouèrent la tête. L’un d’eux lança une

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  1. Gant de cuir dont se servent, pour pousser l’aiguille, les selliers et les voiliers.