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LE LOUP DES MERS

sans aucun doute, que j’étais une victime. Et, de cet instant, toute la morgue que j’avais affectée vis-à-vis d’elle tomba. Je me sentis devenir son très humble et très dévoué serviteur.

Je relevai la tête et ripostai, à l’adresse de Loup Larsen :

— Si vous m’avez appris à me tenir sur mes pieds, je ne m’en suis jamais servi pour marcher sur ceux des autres.

Il me regarda avec insolence.

— C’est que votre éducation n’est pas encore terminée, dit-il sèchement. Nous sommes, Miss, très hospitaliers sur le Fantôme. M. Van Weyden, en dépit de ses récriminations, a pu le constater. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre nos hôtes à leur aise. N’est-ce pas votre avis, monsieur Van Weyden ?

— Certainement. Jusqu’à leur faire peler des pommes de terre et laver les plats, comme vous l’avez dit. Sans parler d’essayer de leur tordre le cou, par amitié.

Loup Larsen m’interrompit, avec une feinte inquiétude.

— Miss Brewster, n’allez pas prendre tout ce qu’il dit pour parole d’Évangile ! Vous voudrez bien observer que ce doux agneau porte un poignard à sa ceinture… ce qui est peu ordinaire pour un officier de la marine marchande.

« M. Van Weyden est un excellent garçon, qui mérite beaucoup d’estime. Mais il est