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JACK LONDON

femme. Elle portait un long manteau de voyage dans lequel elle s’enveloppait, car la matinée était froide. Seuls apparaissaient son visage et la masse de ses cheveux châtains, qui s’échappaient d’un béret de marin.

Elle avait de grands yeux bruns et expressifs, une jolie bouche et le visage d’un ovale délicat, mais que le soleil et le vent de mer avaient congestionné et couperosé.

Elle m’apparut comme un être d’un autre monde. L’attirance qu’elle produisait sur moi était semblable à celle d’un morceau de pain sur un homme affamé.

Il y avait si longtemps que je n’avais vu de femme ! Je l’observais avec un étonnement mêlé de stupeur. C’était donc là ce qu’on appelait une femme ?

J’en oubliai mes fonctions de second, et ne m’avançai même pas pour offrir ma main aux nouveaux venus et les aider à monter à bord.

Ce fut un des matelots qui souleva la femme et Loup Larsen tendit le bras pour la recevoir.

Alors, se voyant en sûreté, elle leva les yeux vers nous et vers nos visages curieux, et sourit, d’un air amusé. Ce sourire était doux, comme seul peut l’être un sourire de femme. Et c’était là un spectacle dont j’avais oublié jusqu’au souvenir.

— Monsieur Van Weyden !

La voix de Loup Larsen me rappela brusquement à la réalité.

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