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LE LOUP DES MERS

nous trouvions au milieu d’un banc de phoques et que la mer était trop grosse pour mettre normalement les canots à l’eau, était de descendre dans l’un d’eux, en compagnie de deux rameurs et d’un timonier.

Il opérait en personne et, comme il était un tireur habile, il nous revenait avec une cargaison d’animaux, à la stupéfaction des chasseurs qui avaient refusé d’embarquer, en déclarant : « Impossible ! »

On aurait dit que le besoin de lutter, même et surtout dans les conditions les plus défavorables, lui était aussi nécessaire que l’air qu’il respirait.

Je continuais à m’éduquer dans mon métier de marin, et faisais de rapides progrès. Parfois même Loup Larsen m’abandonnait, durant tout un jour de chasse, la conduite de la goélette. À moi seul incombait le soin de tenir le gouvernail, de commander la manœuvre à bord, de veiller sur les canots et, le soir venu, de les rallier et hisser à bord.

Nous subîmes d’autres assauts atmosphériques, car la mer était mauvaise dans ces régions et, vers le milieu de juin, un typhon se déchaîna, qui eut pour résultat d’apporter dans mon existence des changements importants.

Nous fûmes pris au centre même de la tornade et Loup Larsen se hâta de fuir, avec une voilure réduite à l’extrême. Les vagues dépassèrent en élévation toutes celles que j’avais encore vues et

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