Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
Jack London

Si le navire, comme me l’avait dit Johnson, faisait voile vers le sud-ouest, le vent, lui, soufflait du plein sud. Le brouillard s’était dissipé et le soleil brillait au ciel, reflété par les mille facettes cristallines de la mer.

Je tournai immédiatement vers l’est mon regard, car je n’ignorais pas que c’était dans cette direction que se trouvait la Californie. Mais je n’aperçus, à l’horizon, que des bancs de brume bas. Ceux qui, apparemment, avaient causé l’engloutissement du Martinez et m’avaient amené là où j’étais. Vers le nord, à peu de distance de nous, un groupe de rochers nus émergeaient de la mer et, sur l’un d’eux, je distinguais un phare.

Je reportai ensuite mon attention sur mon entourage immédiat. Tout d’abord, ce qui excita chez moi la plus vive surprise, ce fut de constater combien on s’occupait peu de quelqu’un qui, tout récemment échappé à une catastrophe, venait de voir la mort de si près.

Exception faite de l’homme de barre qui m’examinait curieusement, personne ne me portait le moindre intérêt.

On semblait s’occuper beaucoup plus d’un grand diable qui gisait sur le dos, sur le panneau d’une écoutille. Sa chemise était largement ouverte sur sa poitrine. Mais on ne voyait pas la peau, qui était couverte d’une masse de poils noirs, assez semblables à la fourrure d’un chien.

La figure et le cou disparaissaient également sous

24