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JACK LONDON

continuait à monter et à descendre sur les lames à vingt mètres de nous. Loup Larsen avait bien calculé son affaire et nous portions en plein sur lui, dans l’insensible dérive que subissait la goélette.

Aussi Loup Larsen s’occupait-il maintenant à mettre en position les palans, qui devaient, à l’instant propice, crocher la mince embarcation et la hisser à bord. Ce qui est plus difficile à exécuter qu’à écrire.

À l’avant du canot se trouvait Kerfoot. Oofty-Oofty était à l’arrière, et Kelly entre eux deux.

Alternativement, le canot et la goélette montaient et descendaient, au faîte et au creux des vagues. D’un instant à l’autre, la goélette risquait d’écraser la petite coquille d’œuf.

Mais je réussis à passer au Canaque, au bon moment, la corde d’un des palans, pendant que Loup Larsen en faisait autant avec Kerfoot. En un clin d’œil, les crochets furent mis en place, le canot soulevé, et les trois hommes, à la seconde propice, sautèrent simultanément sur le Fantôme. Le canot les suivit de peu, la quille en l’air.

Je remarquai que le sang jaillissait de la main gauche de Kerfoot. Le troisième doigt avait été écrasé. Mais l’homme, sans manifester la moindre plainte, nous aida, de sa seule main droite, à amarrer en place le canot.

Puis, sans perdre de temps, Loup Larsen commanda :

— Toi, Oofty, à la drisse du grand foc ! Et toi,

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