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Le Loup des mers

c’est comme ça qu’on l’appelle ici. Je ne lui connais pas d’autre nom. Mais vous ferez bien de peser vos paroles. Ce matin, il est d’une humeur massacrante. Le second…

Il n’eut pas le temps d’achever sa phrase, car le coq s’était de nouveau glissé dans la cuisine.

— Au lieu de bavarder, Yonson, fit-il, tu ferais mieux d’aller en vitesse voir, sur le pont, si le vieux n’a pas besoin de toi ! Avec le caractère qu’il a…

Docilement Johnson obéit et, tout en se dirigeant vers la porte, me lança un clin d’œil amical et grave, gros d’avertissements, pour me recommander d’être prudent vis-à-vis du terrible capitaine que j’allais bientôt affronter.

Le cuisinier portait sur son bras un tas de loques fripées, parfaitement immondes, et qui fleuraient le moisi.

— J’ai lavé moi-même ces habits, m’expliqua-t-il. N’ont pas encore eu le temps de s’essorer complètement. Faudra pourtant vous en contenter, en attendant que les vôtres sèchent au feu.

Toujours titubant, par suite du mouvement du bateau, je m’accotai à la boiserie pour garder mon équilibre et réussis, grâce à l’aide du coq, à enfiler un tricot de grosse laine. Je frissonnai involontairement à ce rude contact.

Le coq remarqua ma grimace et observa, avec un sourire affecté :

— Je vous souhaite de ne pas être obligé, dans

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