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LE LOUP DES MERS

rudimentaire, mis de l’eau à chauffer et préparai divers pansements, pendant que Loup Larsen, entièrement nu, allait et venait ; il scrutait avec attention les blessures dont il était couvert, tout en bavardant gaiement.

Jamais encore je n’avais pu contempler, dans son ensemble, l’anatomie de cet homme, et l’artiste qui était en moi ne put s’empêcher d’admirer. Ce corps possédait une perfection de lignes, puissante et terrible, avec une pureté tout antique. Parmi les hommes du bord, beaucoup étaient aussi fortement musclés, mais tous avec une anomalie ou une disproportion physique, qui détruisait chez eux l’esthétique générale.

Jambes trop courtes ou trop longues, par rapport au reste du corps ; bras disproportionnés, ossatures trop importantes ou trop de muscles, qui saillaient de la chair et faisaient bosse extérieurement. Oofty-Oofty, le Canaque, était le seul dont le corps fût réellement harmonieux, mais sans aucune comparaison avec celui de Loup Larsen.

Loup Larsen était l’homme type, la synthèse du mâle, dans toute sa magnificence.

Alors qu’il marchait ou remuait les bras, je regardais ses muscles se gonfler alternativement, sous sa peau fine comme du satin. Le mécanisme était en tout point parfait. C’était vraiment merveilleux. Le hâle du vent et de la mer ne lui avait bruni que la figure. Il ne dépassait pas le

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