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LE LOUP DES MERS

soudain dans ma main, nous plongeant tous dans les ténèbres. Au même instant, il dut bondir sur Loup Larsen.

J’entendis un grognement furieux sortir de la poitrine du capitaine et Leach y répondit par un hurlement à figer le sang dans mes veines. On aurait dit la rencontre d’un loup et d’un taureau. Johnson dut se joindre à Leach, presque aussitôt, et je compris que sa platitude des jours précédents, vis-à-vis de Loup Larsen, n’était qu’une ruse voulue, dans une intention préméditée.

J’étais tellement perturbé par cette bataille dans le noir, que je m’accotai contre l’échelle de l’écoutille, tremblant de tous mes membres et incapable de la monter. En même temps, j’étais saisi de cette même douleur au creux de l’estomac, qu’a toujours provoqué chez moi le spectacle de la violence.

Je ne pouvais rien voir, mais j’entendais le choc des coups et le bruit mou que fait la chair, en s’écrasant contre la chair. Puis ce fut le craquement des corps enlacés, le halètement des respirations oppressées, les gémissements entrecoupés, arrachés par une intense et soudaine souffrance.

Plus de deux hommes avaient, sans doute, pris part au guet-apens organisé contre Loup Larsen et le second, et à la conspiration ourdie pour les tuer. Car une recrudescence de coups, de heurts et d’éclats de voix m’apprit que Leach et Johnson avaient reçu du renfort.

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